X

Les Ti s’aperçoivent qu’ils habitent un cimetière ; il apparaît que ce cimetière est l’endroit le moins morbide de la région.

 

Ti revint aux pavillons rouges d’humeur triomphale. Il déposa devant ses compagnes un plein panier de jolies baies écarlates qu’il avait cueillies le long du mur d’enceinte. Madame Première en prit une entre ses doigts, la considéra quelques instants, puis déclara qu’il fallait enterrer tout ça pour que leurs enfants ne s’empoisonnent pas.

— Il vous aura échappé que ces lieux sont remplis de plantes vénéneuses. Je vous ai connu plus ferré sur les essences médicinales.

— Ah bon ? fit le juge, dépité.

Ses études médicales, cette marotte de sa jeunesse, étaient tombées tout entières dans le gouffre de son amnésie.

— Je me rappelle maintes formules de Confucius sur la nature, mais pas la moindre façon de composer un remède. Je me demande ce qui nous serait le plus utile, dans le cas présent.

— Nous nous débrouillerons avec Confucius, affirma sa Première.

À l’autre bout de la colonnade, l’économe s’effondra en se tenant le ventre.

— Vous lui avez offert de vos baies ? s’inquiéta Lin Erma. Son mari jura qu’il n’en était rien et tout le monde alla voir de quoi il retournait. Le peintre les rejoignit, son matériel sous le bras. Seul le militaire demeura campé à son poste, disposé à les laisser agoniser à ses pieds plutôt que d’abandonner ses lotus bleus.

Cui Ho-Lun poussait des gémissements, la bave aux lèvres. Ti n’avait pas besoin de se rappeler ses études pour supputer un empoisonnement. Les enfants contemplaient ce spectacle sans cesser de mâcher leurs friandises.

— Qui vous a donné ça ? demanda leur père.

Ils indiquèrent l’homme qui se tordait sur le sol. Le juge confisqua les sucreries et les jeta dans l’étang aux lotus.

— Il est interdit de souiller cette eau ! protesta Ai San-Pao en brandissant de loin son glaive.

Ti lui répondit qu’il ferait mieux de les aider à emporter le malade. L’obsession du militaire, immobile, les bras croisés, commençait à l’énerver.

— Laissez-nous tranquilles, avec vos lotus ! cria le mandarin. Quel sens cela a-t-il, de veiller sur une poignée de fleurs, quand les gens périssent autour de vous ? Votre patron ne s’est pas montré depuis des jours ! Croyez-vous qu’il se préoccupe vraiment de vos pétales bleus ? Si même il est encore vivant ! Vous feriez mieux de vous en assurer !

Après réflexion, Ai San-Pao concéda que ce raisonnement se tenait ; il abandonna sa balustrade pour les aider. Madame Première laissa les enfants à la garde des concubines et les suivit.

Les hommes se relayèrent pour porter leur fardeau jusqu’à son lit, dans le jardin de l’été. Cela fait, le peintre courut alerter la gouvernante, le militaire disparut pour profiter de sa liberté et, peut-être, découvrir ce qu’il était advenu de son employeur. Il fut remplacé par l’herboriste, qui occupait le logement voisin.

— Je crains qu’il n’ait avalé quelque chose d’indigeste, annonça Ti sur un ton plein de sous-entendus.

— Ne vous inquiétez pas, répondit Shi To-Wai. Je sais faire des tisanes laxatives. Il y a tout ce qu’il faut dans ce jardin.

Dès que Mme Gingembre fut arrivée, Ti lui demanda si elle avait servi un plat particulier à Cui Ho-Lun. Elle assura qu’il n’en était rien. Plus que ses dénégations, son air outragé plaidait pour elle.

— Dans ce cas, je vous le recommande, dit le juge. Vous concocterez vous-même ses bouillons et vous goûterez tout ce qu’il avalera.

Elle promit que le patient ne prendrait rien qu’elle n’eût préparé de ses mains. Le malheureux était couvert de sueur et délirait. Il saisit la manche du magistrat avec l’énergie d’un naufragé qui s’accroche à une calebasse :

— La tombe ! parvint-il à articuler d’une bouche baveuse. C’est à cause de la tombe !

— Il n’a plus sa tête, dit le mandarin. Il se croit dans un cimetière.

Le peintre toussota.

— Que Votre Excellence m’excuse : il y a bien une tombe. C’est l’une des fabriques qui décorent cet endroit.

Puisqu’on ne pouvait rien faire de plus pour l’instant, Ti et sa femme voulurent voir de quoi il s’agissait.

Ils traversèrent le corridor des orchidées et pénétrèrent dans le jardin de l’automne, cette antichambre du désespoir. Tu Chi-Wing leur fit emprunter l’allée de cyprès qui menait à l’extrémité est. Tout au bout, entre les herbes folles, se dressait en effet un petit monument de pierres disjointes. On aurait juré l’une de ces vieilles sépultures toutes cassées, perdues dans la campagne, abandonnées aux ronces et aux animaux qui y faisaient leur nid ou leur terrier. Ce simulacre de mauvais goût avait néanmoins été préservé de ce genre de parasites et entouré de saules dont les branches, doucement agitées par le vent, l’effleuraient en une ultime caresse. Il était difficile de comprendre qu’on ait voulu orner des lieux si raffinés avec une construction aussi piteuse. Le peintre s’assit en tailleur et tira feuilles et pinceaux de leurs étuis.

— Vous allez peindre cette affreuse chose ? s’étonna madame Première.

Tu Chi-Wing était déjà concentré sur son tracé.

— Il n’y a pas d’affreuses choses ; il n’y a que les parties d’un tout.

Qu’est-ce qui avait pu pousser le propriétaire à faire transporter ces vilains cailloux jusqu’ici ? Ti voulut en avoir le cœur net. Le peintre habitait justement cette portion du domaine. Il lui demanda l’autorisation d’aller chercher du feu chez lui et revint avec une lanterne allumée.

Sous les yeux horrifiés de sa Première, dont le pragmatisme résistait mal à un acte si téméraire que la violation d’un tombeau, il s’engouffra à l’intérieur. Tout était propre, sans même une toile d’araignée, comme si l’endroit avait été l’objet de visites régulières. Une niche avait été ménagée tout au fond. « C’est bien ce que je craignais », pensa le juge.

Il se hâta de quitter un petit édifice dans lequel, en temps normal, il ne se serait jamais permis de pénétrer.

— Je me trompais, tout à l’heure : nous sommes bien dans un cimetière, annonça-t-il à ses compagnons d’infortune.

La niche abritait des pots scellés, couramment utilisés pour recueillir les cendres d’un défunt après une crémation.

Si elle ne sembla ni bouleverser le peintre, ni môme le surprendre, la nouvelle plongea madame Première dans la consternation. Le séjour près de tombes occupées était proscrit par toutes les religions qu’elle connaissait. C’était un environnement tout à fait néfaste. Elle n’avait pas fait quitter à ses enfants la proximité d’oiseaux en guerre pour les jeter dans les bras des spectres et autres âmes errantes. Elle déclara qu’elle allait effectuer quelques rites pour apaiser l’esprit de celui qui reposait là-dedans.

— Pas « celui », rectifia le peintre sans cesser de parfaire les contours du funeste édicule. Celle.

Pour préciser d’où lui venait cette clairvoyance sur le sexe des cendres, il désigna de la pointe de son pinceau les arbres qui veillaient sur le repos de la défunte.

— On a pris la peine de l’entourer de saules, symboles de la docilité et de la féminité. C’est la tombe d’une femme que je suis en train de peindre.

Cela ne changeait pas grand-chose au problème des fantômes. Madame Première s’en fut chercher ce qu’il fallait, accompagnée de son mari déconfit :

— Avant mon amnésie, j’aurais sûrement déterminé le sexe de la défunte avant ce dessinateur.

— Ne vous inquiétez pas, vous vous en tirez fort bien, lui assura-t-elle sans lui accorder un regard.

Quand elle revint, seule, une demi-heure plus tard, le peintre n’était plus là. Sa peinture terminée, sans doute était-il allé représenter un autre détail qui n’avait de sens ou d’intérêt que pour lui, sans se préoccuper de la personne qui reposait en ces lieux.

Elle alluma des cônes d’encens et déposa devant l’entrée des galettes de blé pour apaiser la faim de la défunte, un peu de cinabre rouge, promesse d’immortalité, et deux médaillons de bois sur lesquels elle avait écrit elle-même des vœux de repos éternel. Elle en fit l’offrande aux mânes de la disparue, au milieu de ses prières, tout en frappant la peau d’un tambour emprunté à ses enfants.

Des notes s’élevèrent. On jouait à nouveau du luth. Elle chercha des yeux l’origine de la musique et aperçut au loin, entre les frondaisons, le haut de la tour. La mélodie était lente et triste. Elle frissonna, ramassa ses affaires et s’en fut rejoindre sa famille parmi les arbres roses.

 

Ti entendit lui aussi, comme tous les habitants du jardin, la mélopée venue de nulle part. Il avait cependant d’autres soucis en tête. Plus il comparait son propre plan à la réalité, plus il se rendait compte que son schéma était erroné. On remarquait entre la maquette et le domaine de subtiles différences, peut-être accidentelles, peut-être destinées à égarer le copiste. Il arpentait le domaine, son dessin à la main, tel un responsable du cadastre. Les kejia se demandaient ce qu’il faisait, il avait l’air d’un fou.

Il était sur le pont qui enjambait le lac de l’été quand il aperçut, sur la rive, la dame de Bellecôte, en grande conversation avec Mme Double-Vue. En fait, la lectrice incendiait tout bonnement la voyante :

— C’est de votre faute, tout ça ! Vous avez outrepassé vos ordres !

— Tout ce que j’ai prédit, je l’ai vu ! rétorqua la devineresse. Je n’ai fait que mon métier ! Pouvais-je savoir que le vôtre consistait à faire mourir les gens pour servir votre ambition ?

L’éventail cingla la joue de la voyante, sans doute indigne d’être frappée d’une si auguste main. Ti crut un instant que la magicienne allait répliquer. L’expression hautaine de son interlocutrice rappela à l’offensée la différence de leurs statuts. Rouge de colère, elle tourna les talons. Comme elle s’éloignait, elle croisa l’herboriste, tout sourire, ses légumes plein les bras :

— Un désagrément, mesdames ?

— Oh, vous, l’empoisonneur, ne vous approchez pas de moi ! lui lança-t-elle avant de s’éloigner sur le sentier qui contournait le lac.

Shi To-Wai demeura interdit.

— Aurait-elle subi une contrariété ? demanda-t-il à la dame de Bellecôte.

— Taisez-vous si vous ne voulez pas subir la même, empoisonneur ! dit à son tour la dame de cour avant de disparaître entre les pins aux branches implorantes.

Sur son pont, Ti était aussi interloqué que le pauvre homme, qui en laissa tomber ses tubercules dans l’herbe haute. Il devenait évident que les invités se connaissaient de longue date pour se permettre ces assertions pleines d’amertume. On les avait réunis ici aussi sûrement que si on leur avait adressé une invitation à une fête de mariage.

 

Un peu plus tard dans la journée, Ti surprit un curieux regroupement près du mur d’enceinte. Conformément à l’adage selon lequel l’union fait la force, l’herboriste, Mme Double-Vue et Mme Gingembre avaient remisé leurs différends pour maintenir ensemble un périlleux empilement de chaises et de caisses. Le peintre était juché en haut comme un acrobate à la foire.

— Hum ! fit Ti.

Ceux qui le pouvaient se tournèrent vers lui, au risque de laisser choir Tu Chi-Wing. Celui-ci se cramponna à l’arête du mur, recouverte de tuiles en quinconce peu propres à cet usage.

— Nous ne pouvons plus rester ici, seigneur juge, dit la voyante. Vous comprenez bien pourquoi.

Ti aurait aimé le comprendre encore mieux à l’occasion d’aveux complets et circonstanciés. Il lui manquait la force de persuasion dont il disposait d’ordinaire au tribunal, à commencer par son bourreau, qui savait si bien délier les langues à coups de fouet.

— Pour ma part, je ne suis là que pour aider, par souci de compassion, précisa l’herboriste. Je n’ai rien à me reprocher, aucun scrupule ne me pousse à fuir quoi que ce soit, ma conscience est aussi tranquille que les eaux de l’étang aux lotus.

— Parce que nous, en revanche… s’indigna la gouvernante, qui le foudroyait du même regard sombre que les deux autres.

Le peintre les engagea à se concentrer sur la tâche qu’ils avaient entreprise, d’autant qu’il était perché en équilibre instable au sommet d’un édifice branlant. Il apparut bien vite que la principale difficulté n’était pas le mur, mais le fait qu’il tâchait de l’escalader sans abîmer sa robe couleur crème. Lorsqu’il se résolut à salir et froisser son beau vêtement, il parvint à prendre pied sur le faîte en s’écorchant mains et jambes.

Une fois assis là-haut, il jeta un coup d’œil satisfait à ses compagnons, puis s’intéressa à ce qu’il y avait de l’autre côté. Quand ce fut fait, il les pria de maintenir l’assemblage afin qu’il pût redescendre tout de suite.

— Vous êtes censé sauter dehors et nous aider à faire de même ! lui rappela la voyante.

Tout en tâchant d’agripper la pyramide de meubles qui lui avait servi d’échelle, Tu Chi-Wing répondit qu’il ne fallait pas compter sur lui pour mettre un pied là-bas :

— C’est pire qu’ici ! Il y a des gens couchés dans les fossés !

— Je ne vous crois pas ! glapit Mme Gingembre. Vous mentez !

Le peintre se serait raidit s’il avait pu lâcher le montant qui l’empêchait de tomber comme une pêche bien mûre.

— Chère madame, si vous mettez ma parole en doute, je vous invite à me rejoindre. Contrairement à notre amie la magicienne, je n’ai jamais pris plaisir à raconter des horreurs.

Sans laisser à la gouvernante le temps de réfléchir, les deux autres la poussèrent, Tu Chi-Wing se résigna à la tirer, si bien qu’elle parvint juste assez haut pour glisser un œil par-dessus le mur.

— Oooooh… fit-elle.

— N’est-ce pas ? dit le peintre. Il est hors de question que je saute de ce côté pour rester coincé avec ces gens-là. Veuillez descendre, maintenant, je vous prie : vous bouchez le passage.

Quand les deux contorsionnistes eurent prouvé que l’assemblage était plus solide qu’il n’y paraissait, Ti l’escalada à son tour pour se rendre compte.

Sur la route, des spectres déambulaient d’un pas traînant. Ils erraient à travers une région en proie à l’anarchie. L’épidémie ayant anéanti les élevages de volailles, paysans et bandits de tout poil avaient dû s’entretuer pour subsister. Tout n’était que désolation. Il aperçut au loin la fumée d’une ferme en feu. Une paire de jambes dépassait effectivement du fossé, signe qu’on abandonnait les cadavres n’importe où.

Quand il redescendit, Mme Gingembre avait résumé la situation à ses compères. Ils étaient catastrophés. L’idée de fuir à pied en rase campagne était déjà peu engageante ; se heurter à des hordes désespérées et braver la malédiction des dieux était au-dessus de leurs forces. La vie derrière les murailles de Luoyang ne les avait pas préparés à affronter les périls de pérégrinations aléatoires. Ils décidèrent de s’en tenir à ce qu’ils connaissaient, ce jardin, où du moins la mort avait un certain chic.

— Si elle règne des deux côtés de cette enceinte, conclut le peintre, je préfère l’affronter dans un endroit élégant.

Ai San-Pao vint vers eux d’un bon pas, aussi raide et sérieux qu’à l’accoutumée. Ils lui communiquèrent le résultat de leur observation et leur décision de rester, quitte à devoir protéger les petits avantages dont ils pouvaient jouir ici. Le militaire tira son épée de son fourreau et la tendit des deux mains à Tu Chi-Wing.

— Puisque vous comptez défendre votre honneur, ceci pourra vous être utile. Tenez.

Ti jugea le présent très étonnant.

— Vous vous départez d’un de vos précieux sabres ?

Ai San-Pao lui répondit sans cesser de fixer le peintre, qui n’avait pas bougé :

— Ne craignez rien. Je sais que cette arme trouvera son emploi.

Les autres étaient pétrifiés. Tu Chi-Wing avait le plus grand mal à conserver son flegme. Le simple don d’une épée semblait l’ébranler davantage que la vue des paysans mourant de faim.

— Je vous remercie de me faire cet honneur, murmura-t-il. Je saurai m’en montrer digne.

— Je n’en doute pas, répondit le militaire, glacé.

Il reprit sa ronde du même pas martial, comme si rien ne l’avait interrompue. Ti avait la conviction qu’il s’était au contraire déroulé quelque chose de très important, bien qu’il fût incapable d’en déterminer la nature.

— Vous préférez le bâton ? demanda-t-il à Tu Chi-Wing, qui considérait la lame comme s’il s’était agi de quelque relique étrange et démoniaque.

L’herboriste et la gouvernante prirent prétexte de leurs importantes responsabilités et disparurent dans des directions opposées. Avant de les imiter, Mme Double-Vue fit l’effort de prononcer une prédiction :

— J’ai rêvé cette nuit d’un phénix qui montait si haut qu’il prenait feu et s’écrasait au sol. Je sais à présent pourquoi.

Elle s’éloigna à son tour.

— Voilà une voyante qui révèle ses oracles une fois que les événements sont arrivés, dit Ti pour détendre l’atmosphère. Encore ses sentences restent-elles impénétrables à un esprit sensé !

Le peintre lui jeta un regard furieux.

— Vous ne connaissez rien au porteur de l’épée, n’est-ce pas ? On se demande dans quel trou de campagne vous avez vécu !

Il disparut sans le saluer. Ti se félicita que l’artiste eût un problème avec les épées, sans quoi cet homme l’aurait sûrement pourfendu au lieu de se contenter de l’injurier.

 

Le mystère du jardin chinois
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